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Amy Winehouse : 1983 - 2011

AMY WINEHOUSE – 14/09/1983 - 23/07/2011

     Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, c’est un fait indéniable qu’Amy Winehouse a marqué le monde de la musique. Étant l’image même du renouveau du jazz, sa voix rocailleuse a su séduire et elle est devenue l’idole des Anglais, et peu de temps après, du monde entier. Son nom seulement évoque 2 000 000 d’albums vendus dans le monde pour « Back to Black » et cinq Grammy Award.
     Amy Winehouse peut être qualifiée « d’enfant prodige » ; ayant démarré jeune, à une époque où les groupes de rap masculins régnaient, elle a su s’imposer dans ce monde musical qui l’intéressait tant et qui était sa principale motivation dans la vie. C’est en grandissant qu’elle s’est forgée seule, artiste qualifiée de « grande gueule », ne souhaitant rien de plus au monde que de vivre de sa musique ; c’est pourquoi elle accepte très vite de faire des représentations dans des café-concert où elle rayonne sur scène. Son style a beaucoup varié, elle a commencé par le hip-hop, puis le rap, sans oublier le rock, pour lentement se tourner vers un style plusjazzy et soul. Parce qu’elle faisait partie des artistes qui s’inspirent de tout, on peut admirer un style marqué par de nombreuses influences telles que Frank Sinatra, Aretha Franklin, Otis Redding... Amy Winehouse c’est aussi des collaborations musicales avec les plus grands ; Mick Jagger des Rolling Stones, Tony Bennett... C’est à travers des textes profonds et recherchés qu’elle s’abandonne à l'amour, donne sa propre image de l'autodestruction et délivre à la foi des messages d’espoirs plus adressés à elle-même qu’à son public. Ses textes se rapprochent d’ailleurs énormément de la poésie, ce qui touche peut-être plus. Amy peut susciter de l’admiration de la part de certains fans quand on voit quelle femme indépendante et autonome elle a été. Son image d’artiste solitaire mais en même temps bien entourée, ne manquant jamais d’inspiration et étant à certaines périodes la personnalité la plus adulée a pu en inspirer et faire rêver plus d’un. Il suffit de voir comment elle était à l’aise sur scène, recrachant ses paroles connues de tous, ses chansons chantées par tous. Physiquement parlant, elle a su imposer son style ; coiffure revenue des années 60, ce chignon rétro rappelant la modepin-up, ce corps rempli de tatouages, cet énorme trait d’eye-liner omniprésent ; elle a incarné l’image de la femme, certes pas à la pointe du style, mais s’occupant de son image comme bon lui semblait, sans chercher à rentrer dans les codes, dans les cases féminines et élégantes de sa société.

     Cependant, même si la jeune femme a en apparence tout pour être heureuse, il suffit de se pencher sur ses paroles de chansons pour déceler la tristesse qui ne cessera de la suivre tout le long de sa brève vie et qui fait d’elle un être mélancolique. Le plus grand malheur d’Amy Winehouse a été d’avoir été la cible des médias, sans relâche, tragiquement. Si untel s’intéresse à la question de savoir pourquoi elle a été si violemment ciblée, il faut s’intéresser aux médias qui ne l’ont lâchée tout le long de sa carrière. Cela peut étrangement faire penser la citation de Pierre Schaeffer, « Le dispositif de télévision peut être comparé au piège tendu à l’animal humain pour sa capture en vue d’observation. »Il y a eu autour de la jeune star une sorte d’obsession à vouloir divulguer sa vie privée et à se pencher sur ses moindres faits et gestes. Toute sa vie, retransmise à la télévision ou dans la presse écrite, a été un spectacle pour qui voulait voir, ne laissant aucun répit à la jeune femme qui souhaitait vivre simplement. Ainsi, tout le monde a pu être au courant de ses usages excessives de drogue et d’alcool. Plusieurs photos d’Amy ont été dévoilées et répandues pour son plus grand désarroi ; nous pouvons la voir sortant d’une boîte visiblement très alcoolisée, se baladant dans les rues de Londres sans maquillage dévoilant une peau abîmée et touchée par des années de drogues, les bras couverts de pansements à la suite d’une bagarre ayant dégénérée... c’est à se demander si le public découvrait pour la première fois qu’Amy Winehouse était humaine et qu’elle pouvait, comme tous, avoir des côtés sombres et une vie non parfaite. Vie, qui pourtant, à ses débuts, semblait bien rangée et admirablement tracée. Côté cœur, enchaînant les déboires affectifs, constamment en détresse amoureuse, la jeune femme n’a pas été avantagée, sans oublier celui qui deviendra la passion de sa vie : Blake Fielder-Civil. Resté durant des années auprès d’elle, c’est lui qui lui donnera l’image de la « junkie » ne sachant parler d’autres choses que de lui dans ses chansons. C’est aussi malheureusement ce dernier qui la fera passer du côté obscur de la vie, la faisant goûter aux plaisirs des drogues et de l’alcool, déshumanisant la jeune femme qui se retrouvera à ce moment-là plus seule que jamais face à une presse déchaînée et assoiffée de scandales, presse qui a su dès le début à qui s’attaquer. Tous ces éclats lui ont donné une réputation de « diva », vue comme moins stable qu’avant. C’est aussi son père, s’étant imposé manager, qui lui rendra la vie difficile avec son habitude de contacter la presse pour faire des déclarations, qu’elles soient publiques ou privées.
À la fin de sa vie, elle choisit de renouer avec la simplicité. Se retrouvant attirée par un mode de vie calme et attrayant, elle décide de s’enfuir à l’abris des regards étrangers dans les Caraïbes
où, bien évidemment, la presse l’attendra de pied ferme. Son retour à la réalité, sa vie rongée par la drogue et l’accumulation de ses décéptions amoureuses achèveront de la faire chuter et elle trouvera la mort à la suite d’une overdose d’alcool le 23 juillet 2011, laissant cette Angleterre, qui l’avait tant meurtrie, en sanglots.
     
     Toute la force mentale qu’elle avait ne lui a pas permis de renouer avec ses anciens démons apparus en même temps que sa montée en gloire. Sa vie est devenue telle une télé-réalité actuelle, où elle a été suivie de tous les côtés et jugée pour ses moindres faux pas. La vie semble avoir voulu pousser la chanteuse tourmentée à bout afin de voir jusqu’où elle pouvait aller. Elle, qui traînait son existence comme un boulet, a quand même su redorer l’image du jazz actuel et a inspiré des millions de personnes, mais elle fait partie de ceux qui sont tombés dans le gouffre des médias, laissant une âme meurtrie. Celle qui a cherché à mettre des mots sur ses maux, qui aurait pu tant apporter encore, elle qui a eu le monde a ses pieds est finalement devenue le souffre-douleur d’un monde impassible.

Sources : « Amy », le documentaire
Paris Match
CulturaColectiva
Wikipédia https://www.independent.co.uk/voices/commentators/razor-sharp-winehouse-changed- the-music-scene-for-ever-2319530.html

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